Louna, 7 ans, a déclaré un diabète insulinodépendant à l’âge de 2 ans. Elle a été étroitement suivie à l’hôpital par le service d’endocrinologie pédiatrique pour équilibrer ce diabète juvénile et mettre en place une organisation de soins la plus confortable possible. Depuis 2 ans, elle a également été diagnostiquée cœliaque. Un hasard ? Pas vraiment… Mais en tout cas, une contrainte supplémentaire pour l’alimentation de l’enfant.
Le diabète insulinodépendant (ou diabète de type 1) touche en France 10 000 enfants. Il se révèle plutôt entre 5-6 ans et 10-11 ans mais peut aussi affecter des plus jeunes, comme Louna : 15 % des cas chez les moins de 4 ans. Son diagnostic est plus difficile et son évolution sur le long terme augmente le risque de complications (néphropathie et rétinopathie).
Le diabète de type 1 est engendré par la carence en insuline, hormone sécrétée par le pancréas. Dans le cas de Louna, cette carence s’est manifestée par différents symptômes qui n’ont pas immédiatement alerté les parents ou le pédiatre : « Ma fille demandait à boire plus souvent que d’habitude mais c’était l’été et il faisait très chaud. Elle urinait aussi plus souvent, ce que je reliais à la quantité de boisson. Elle avait aussi un peu mal au ventre mais là encore je ne me suis pas vraiment inquiétée (quel jeune enfant n’est pas fréquemment indisposé ?) », raconte Julie la maman de Louna. Finalement, son état de santé se dégrade rapidement. Ses parents l’amènent aux urgences à la limite de la perte de connaissance. En effet, l’organisme carencé en insuline de Louna ne pouvait plus utiliser le glucose présent dans le sang. Un métabolisme des graisses de réserve s’est alors mis en place pour trouver de l’énergie et a produit des corps cétoniques. Cette acido-cétose est une complication fréquente de la décompensation d’un diabète.
Malgré les incertitudes persistantes de la médecine quant à l’explication du phénomène, le diabète de type 1 et la maladie cœliaque seraient fortement liées. En effet, les services d’endocrinologie pédiatrique français surveillent aujourd’hui avec le plus grand sérieux tous leurs jeunes patients diabétiques car 1/3 d’entre eux développent tôt ou tard une intolérance au gluten. Ces deux maladies auto-immunes semblent donc interdépendantes, comme l’ont appris à leur dépends les parents de Louna. Elles se manifestent toutes deux par un retournement du système immunitaire contre un organe :
Depuis le diagnostic du diabète, Louna a subi des contrôles médicaux trimestriels, notamment des fibroscopies digestives permettant de vérifier l’intégrité de la muqueuse intestinale. « Un jour, le verdict est tombé : il fallait définitivement supprimer le gluten de son alimentation. Malgré l’absence de symptômes caractéristiques de la maladie cœliaque, l’intestin était endommagé ».
Le régime alimentaire de l’enfant diabétique est tout simplement un régime équilibré avec des apports en glucides contrôlés. Les sucres rapides sont utiles pour traiter rapidement une hypoglycémie. En dehors de cette situation, ils ne doivent pas représenter plus de 10 % de la ration calorique totale et surtout ne pas être consommés entre les repas car ils perturbent l’équilibre glucidique.
Cependant, l’exclusion du gluten rajoute une contrainte alimentaire forte, obligeant à éliminer tous les produits à base de blé et autres céréales à gluten (orge, seigle, etc.). Les pâtes, souvent appréciés des enfants, pourront être remplacées par d’autres féculents naturellement dépourvus de gluten tels que le riz, le quinoa, le millet, le sarrasin, la pomme de terre ou encore la châtaigne. « J’essaie de mettre au menu des aliments le moins transformés possible : de la viande ou des œufs, des légumes frais ou surgelés, du riz… », confie Julie. Si la consommation de produits sans gluten industriels (biscuits, pains ou pâtes à tarte) reste très pratique, il est important de veiller à leur composition nutritionnelle. En effet, les produits transformés sans gluten sont fréquemment riches en amidons raffinés et/ou sucres ajoutés qui ont un impact non négligeable sur la glycémie. L’idéal est de se tourner vers des marques soucieuses de l’équilibre nutritionnel des produits ou bien de cuisiner un maximum soi-même. Plus d’informations sur ce sujet en lisant l’article « Les produits sans gluten du commerce sont-ils tous nutritionnellement corrects ? ». Julie confirme : « Je me suis vite rendue compte que les produits à base de farine de riz ou d’amidon ne sont vraiment pas idéaux pour le contrôle du diabète. J’utilise plutôt les farines de riz complet ou de sarrasin. J’espère que Louna ne va pas s’en lasser ! »
Voici l’alimentation type de Louna sur une journée :
Repas |
Aliments consommés |
Petit déjeuner (25 g de glucides) |
Des flocons d’avoine garantis sans gluten ou autres céréales pas trop sucrées pour le petit déjeuner Du lait (Louna n’est pas intolérante aux produits laitiers animaux) Un fruit ou une purée de fruits sans sucre ajouté |
Déjeuner (60 g de glucides) |
Des légumes crus ou cuits 1 petite portion de viande, poisson ou d’œuf Des céréales complètes, des légumineuses ou des tubercules Un dessert (laitage non sucré ou fruit) |
Collation (10-20 g de glucides) |
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Dîner (60 g de glucides) |
Même composition que le déjeuner, parfois sans l’apport protéique animal |
Le diabète n’empêche pas de faire du sport, bien au contraire ! L’activité physique peut améliorer le bien-être général de l’enfant et le contrôle du diabète : elle a pour effet de réduire la glycémie pendant l’effort mais aussi dans les heures qui suivent l’exercice. Lorsque Louna va à son cours de gymnastique, ses parents doivent néanmoins prendre quelques précautions pour éviter l’hypoglycémie :
« Bien sûr, Louna et nous, avons toujours à portée de main du sucre et une collation supplémentaire au cas où… Nous avons pas mal tâtonné au démarrage des cours car c’était une nouvelle activité physique et on ne connaissait pas ses effets sur la glycémie. Maintenant, ça va beaucoup mieux. »
En conclusion, concilier le régime sans gluten avec le diabète peut être une véritable gymnastique alimentaire ! Le traitement des deux maladies auto-immunes passe par un contrôle strict de l’alimentation. Si les enfants malades sont souvent très matures et responsables pour leur âge, comprenant que les contraintes alimentaires sont nécessaires à leur bien-être, le passage à l’adolescence doit être étroitement surveillé. Les jeunes peuvent avoir tendance à se mettre en danger en voulant manger « comme tout le monde ». Heureusement, la recherche médicale avance à grands pas dans le domaine du diabète avec le test de nouvelles pompes à insuline plus pratiques ou encore un espoir de greffe du pancréas. Un grand merci à Louna et sa maman Julie pour leur précieux témoignage !
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