Plusieurs études scientifiques récentes montrent du doigt les FODMAPs, en particulier les fructanes, comme responsables de troubles digestifs très proches de ceux de la sensibilité non cœliaque au gluten. De quoi semer la confusion… Et si le vrai responsable étaient les FODMAPs ? Il est encore trop tôt pour statuer mais les chercheurs poursuivent leurs investigations pour confirmer ou infirmer cette piste.
L’acronyme FODMAPs signifie « Fermentable by colonic bacteria Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides And Polyols », ce qui donne en français « oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles par la flore intestinale ».
Les FODMAPs désignent donc plusieurs types de glucides à chaîne courte, peu ou pas absorbés par notre organisme et donc rapidement fermentés par les bactéries du gros intestin.
Le groupe de FODMAPs actuellement très étudié est celui des oligosaccharides et, parmi eux, les fructanes.
Les oligosaccharides sont assimilés à des fibres solubles. Ils regroupent les fructo-oligosaccharides (FOS) et galacto-oligosaccharides (GOS) en fonction du type de sucre qui les compose (fructose ou galactose).
Les FOS sont des chaînes de quelques unités de glucides simples, principalement du fructose. Si les chaînes sont longues, il s’agit d’inuline ou de levanes ; si elles s’avèrent plus courtes, on parle de fructanes. Ces derniers sont synthétisés par certaines plantes, pour lesquelles ils représentent une réserve d’énergie :
certaines céréales comme le blé, l’orge et le seigle
les alliacées (oignon, ail et poireaux)
ainsi que d’autres légumes (artichaut, choux, asperges, topinambours).
Si le blé n’est pas l’aliment le plus riche en fructanes, il est en revanche celui qui est le plus fréquemment consommé au quotidien. Plusieurs équipes de chercheurs pensent actuellement qu’il pourrait y avoir confusion entre hypersensibilité au gluten et aux fructanes.
En effet, certaines personnes pourraient être plus sensibles que d’autres aux fructanes en raison par exemple d’un microbiote anormalement appauvri. Les fructanes peu assimilés entrainent une fermentation bactérienne qui génère gaz, douleurs abdominales, ballonnements et autres symptômes d’inconfort digestif pouvant s’apparenter aux symptômes de l’hypersensibilité au gluten et du syndrome de l’intestin irritable.
Et s’il y avait confusion entre troubles intestinaux liés aux fructanes et au gluten ?, interroge une étude publiée en 2017 dans la revue Gastroenterology. L’ennemi N°1, alias le blé, est commun et les symptômes s’avèrent assez proches.
Pour tenter de vérifier cette hypothèse, des chercheurs des universités d’Oslo (Norvège) et Monash (Australie) ont réalisé une étude d’une semaine à partir d’une soixantaine de personnes souffrant de sensibilité au gluten non cœliaque. Les trois groupes formés ont reçu des alimentations différentes : avec gluten pour le premier, avec fructanes pour le deuxième et placebo pour le troisième. Les effets sur le confort gastro-intestinal étaient relevés et quantifiés. Résultat inattendu : les symptômes les plus importants ont été constatés dans le groupe ayant consommé des fructanes (KG Centre de recherche sur la maladie cœliaque Jebsen, Université d’Oslo, Norvège).
Ainsi, 1 à 6% de la population française serait touchée par une sensibilité non cœliaque au gluten. L’imprécision de cette prévalence provient du fait que la plupart de ces personnes s’auto-diagnostiquent car elles se sentent mieux en évitant le gluten. Toutefois, il n’est pas rare que le soulagement ne soit que partiel et que certains symptômes gênants persistent. En effet, malgré la suppression du blé, de l’orge et du seigle, la consommation occasionnelle d’oignons, de choux ou d’autres aliments riches en fructanes pourrait expliquer la subsistance de certains troubles.
Afin de savoir si votre organisme est sensible aux FODMAPs (et ainsi éliminer les symptômes résiduels malgré le régime sans gluten), il est tout d’abord conseillé de suivre une alimentation sans fructanes, glucides fermentescibles les plus étroitement liés au gluten.
Il s’agit donc d’éviter pendant 1 mois, en plus des céréales à gluten, les haricots, la patate douce, l’artichaut, la chicorée, tous les choux, les asperges, les topinambours, les poireaux, l’ail et l’oignon.
Si les troubles disparaissent, la piste des fructanes semble fructueuse. Ceci incite à poursuivre en sachant que les responsables des maux seraient plutôt les fructanes (des glucides) que le gluten (une protéine). Dans le cas de symptômes qui persistent, les fructanes sont à écarter mais il est possible de tenter l’élimination d’un autre groupe de FODMAPs.
Type de FODMAPs |
Nom du(des) glucide(s) |
Éviter … |
Oligosaccharides types GOS |
Raffinose et stachyose |
Artichaut, légumes secs comme pois chiches, haricots rouges, lentilles, algues. |
Dissacharides |
Lactose, glucide du lait |
Tout lait animal (vache, chèvre ou brebis), crème, crème glacée, fromages frais, yaourt. Beurre et fromages affinés autorisés. |
Monosaccharides |
Fructose |
Cerises, coing, figues, goyave, mangue, melon d’eau, pomme, poire, fruits en conserve dans sirop, asperge, artichaut, topinambour, tomates séchées, miel, mélasse, fructose, sirop de maïs à haute teneur en fructose, sirop d’agave, vins liquoreux. |
Polyols (glucides synthétiques fréquemment utilisés en industrie) |
Sorbitol, mannitol, xylitol ou isomalt, lactilol, érythritol, polydextrose |
Bonbons, chewing gum et chocolats sucrés avec les glucides précédemment cités. Mais aussi : abricots, avocat, cassis, cerises, melon d’eau, mûres, nectarine, pêche, poire, pomme, prune, pruneau, noix de coco, brocoli, champignons, choux. |
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