Apparue dès l’introduction du blé dans l’alimentation humaine, la maladie cœliaque est restée très longtemps mystérieuse. Elle est mieux connue depuis quelques décennies seulement ! Revenons avec Brigitte Jolivet, présidente de l’Association Française Des Intolérants Au Gluten (Afdiag) sur l’histoire de la maladie et ses liens avec d’autres pathologies auto-immunes.
La maladie cœliaque existe depuis la naissance de l’agriculture au Moyen-Orient il y a dix mille ans.
Nommée koeliakos par un médecin grec du Ier siècle de notre ère en raison de son lien avec l’abdomen, la pathologie est enfin étudiée de façon détaillée en 1888 par Samuel Gee, pédiatre londonien. Il la décrit comme l’apparition, chez l’enfant, de signes digestifs majeurs avec diarrhée chronique, fatigue extrême et troubles de la croissance. La cause alimentaire est recherchée dans les graisses, les aliments sources de glucides mais sans succès.
Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale qu’un médecin hollandais, Willem Karel Dicke, fait le lien entre le blé et la maladie cœliaque. « Il s’occupe d’enfants dénutris, carencés et tristes, symptômes très caractéristiques de la forme classique de la maladie cœliaque » précise B. Jolivet. W.K. Dicke observe que l’état de santé des enfants s’améliore lors de la période de pénurie de blé aux Pays-Bas. Avec la réapparition des symptômes suite à la réintroduction de cette céréale, l’origine de l’intolérance au gluten ne laisse plus place au doute. En étudiant la composition du blé, W.K. Dicke et son équipe met en évidence le rôle majeur des protéines appelées gliadines.
Grâce aux progrès de la médecine et notamment de la technique de la biopsie, la maladie cœliaque est ensuite caractérisée par des lésions de la muqueuse intestinale appelée atrophie villositaire. Cette particularité deviendra la base du diagnostic. Dans les années 1980, apparaissent les premiers tests dosant les anticorps anti-transglutaminase dont la présence révèle une réaction immunitaire anormale. Dix ans plus tard, l’intolérance au gluten est classée parmi les maladies auto-immunes, c’est-à-dire les pathologies induites par un dysfonctionnement du système immunitaire qui, au lieu de défendre l’organisme, s’attaque à certains constituants (intestins, pancréas, peau, etc.).
« Il est assez courant qu’une personne atteinte de maladie cœliaque développe d’autres maladies auto-immunes » indique B. Jolivet. Les pathologies les plus fréquemment associées sont :
Toutefois, « être diagnostiqué cœliaque et suivre strictement un régime sans gluten limite l’apparition d’autres maladies auto-immunes mais ne les guérit en aucun cas », souligne la présidente de l’Afdiag. « Seuls les symptômes de la dermatite herpétiforme sont améliorés par l’arrêt du gluten ». Cette pathologie est en effet considérée comme une expression cutanée de la maladie cœliaque.
Plus d’informations sur le site de l’Afdiag.
Remarque : L’intolérance au gluten complique grandement l’équilibrage d’un diabète insulino-dépendant. En effet, les produits sans gluten du commerce présentent souvent des index glycémiques élevés du fait du remplacement de la farine de blé par de la farine de riz ou des fécules hyperglycémiantes. D’une marque à l’autre, la composition d’un même produit (pain, pâtes, etc.) s’avère très variable et le diabétique doit être prudent lorsqu’il teste une nouvelle référence pour la première fois.
Récemment étudiée et mieux comprise, l’intolérance au gluten est peu à peu vulgarisée auprès du grand public et enseignée de façon plus poussée dans les facultés de médecine. Ceci devrait permettre d’améliorer le taux de cœliaques diagnostiqués, aujourd’hui seulement 10 à 20% des 1% de la population pouvant être atteints. Pour plus d’infos sur le dépistage, consultez notre article dédié ici.
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